Aujourd'hui sur Vernia, il fait un froid à s'en grelotter les doigts. Ça, c'est pas du tout une expression - se dit Albertt en soufflant sur ses petites mains roses. Le ciel est couvert et des nuages blancs se forment sous les éclats de voix des autres passagers qui descendent du ferry. Le jeune ingénieur se perd un peu entre les bruits de pas et les grognements du port. Une corne de brume le fait sursauter du fond des tripes ; on n'a pas honte de faire autant de bruit ? D'un point de vue rationnel, c'est compréhensible. Ce klaxon doit être audible d'un bout à l'autre de la mer. Mais quelle idée de le faire sonner sur ses passagers, ils ne descendront pas plus vite ! Albertt n'aime pas la foule. Il attend qu'elle soit partie pour prendre la passerelle. Mais puisqu'on insiste, alors il s'y mêle. Il marche droit, ou de profil ; il se glisse entre les adultes en essayant de ne toucher personne. Retrousse le nez quand un passant le frôle - ou pire, le bouscule - mais globalement tout se passe bien. Personne n'a volé la mallette ? Tout va bien, elle est encore là.
Albertt se glisse en crabe entre deux tables et va se réfugier dans un café de luxe. À peine la porte a-t-elle battu derrière lui que le calme retombe. Enfin, un peu de silence. On ne s'entend plus penser dans cette ville marchande. Un serveur approche. Il n'est pas bien grand, mais avec son chapeau et sa mallette, au moins l'officier ne passe pas pour un enfant. Le serveur est proche, à partir de quelle distance doit-on lui parler ? Bah, Albertt n'a pas envie de parler. Il se laisse guider vers une table en hochant la tête.
Le café est cher sur cette île. Mais c'est surtout le prix de la tranquillité. Et puis, le jeune homme transporte tout l'argent nécessaire sur lui ! Il est bien censé restituer la monnaie à sa hiérarchie en revenant des courses, mais la hiérarchie n'est pas là. Disons que c'est une note de frais. Ne disons rien, personne n'a envie de savoir qu'il a pris un café. Pourquoi je raconte tout ça ?
"Garçon ? Excusez-moi. Savez-vous où se trouve cette adresse ?"
Une fois dans la bonne rue, l'enseigne sera reconnaissable. Ce n'est pas la première fois que le commandant Von Braun vient à Vernia pour accéder au marché noir. C'est un secret de polichinelle, ici, on peut tout acheter. Quelque part, on peut même supposer que ça arrange le gouvernement. Quitte à ce que contrebande il y ai, autant qu'elle soit maîtrisée. D'ailleurs, en rentrant, Albertt aura un rapport à écrire sur ce qu'il a vu et entendu. Comme s'il n'avait pas assez à subir tous ces bruits et ces gens, en plus il faut qu'il s'en souvienne?
Tout se déroule dans une pâtisserie nommée "V pour Vend des tartes". Il y a un mot de passe assez simple: il faut se plaindre de ne pas trouver ce qu'on veut en vitrine pour être amené vers l'arrière-salle. Le vendeur se souvient des cheveux blonds du petit homme. Ça en fait au moins un de physionomiste.
"Je cherche à me procurer du Césure."
Le Blanc de Saturne est un métal lourd, couleur ivoire, qu'on appelle aussi Césure. Ses nombreuses propriétés le rendent utilisable nombre de domaines ; par exemple, Albertt est en train d'expérimenter avec des pièces en césures pour stabiliser les moteurs de ses missiles à réaction. Quel dommage que ce métal soit à ce point toxique ! Depuis que les mineurs ont été ravagés par la maladie, il est devenu impossible de s'en procurer sur le marché légal. D'ailleurs, même sur le marché noir …
"Ça va être compliqué. J'ai pas vu passer de césure depuis quelques mois. Je peux peut-être t'aiguiller vers un ferrailleur s'il te faut du métal ?"
Non, c'est du césure ou rien. Un ingénieur ne se déplace pas en personne pour acheter de la vulgaire ferraille. Surtout pas un commandant de la section scientifique. Il y a des larbins pour ça.
"Vous pouvez m'indiquer quand est ce que je pourrais accéder à du césure ?"
La transaction semble être compromise. Surtout que, non, Albertt n'a pas l'intention de donner son nom ou son adresse a un contrebandier. Ce n'est pas très sérieux de soupirer devant témoins comme ça, mais c'est qu'il est un peu décontenancé le Albertt. Il déteste les imprévus.
Alors bon. En attendant que quelqu'un débarque miraculeusement avec du blanc, l'ingénieur se retrouve à traîner les pieds dans la rue. Peut-être qu'il aurait dû acheter une pâtisserie avant de partir, au final.
...
Eilynn Vandherer
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Re: Marché noir & Dame blanche / passé / groupe ft. Eilynn
- Mar 20 Déc - 20:24
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Ses pas raisonnaient sur le port. La brise marine venait effleurer doucement son visage alors qu’Eilynn regarde une dernière fois devant elle, déposant une petite bourse de pourboire au capitaine marchand du navire. Cette somme n’était rien comparée à ce qu’elle avait prévu de gagner à l’issu de cette mission. À vrai dire, il s’agit plus d’un bénéfice supplémentaire qu’autre chose. Sa mallette dans la main droite qu’elle tenait fermement, une tenue des plus raffinée, la maudite s’était mise dans la peau d’une femme d’investissement. Après tout, il fallait passer inaperçu pour éviter d’attirer les moutons un peu trop curieux de ce que peut contenir sa petite malle. Même s’il s’agissait d'une soi-disant remplie d’aristocrate et de bonne manière, il existe autant d’hypocrite que de bonnes affaires sur Vernia.
Lors d’une de ses missions pour une infiltration de rappel à l’ordre, c’était en menaçant l’endetté qu’elle a reçu un cadeau très aimable. Pour éviter que sa victime ne finisse en piteux état, il lui offrit une partie des revenus de ses dettes. Ça, c’était l’argent qu’elle devait remettre à son client. En bonus, elle découvrit une belle collection de couverts, ceux-ci étant bien rangés, soigneusement astiqués. De la ferraille qui s’avérait avoir une valeur bien plus intéressante que ce qu’elle ne pourrait l'imaginer. Et d’ailleurs, le propriétaire lui a assuré que le métal de fabrication était un des plus rares. Au départ, elle n’en croyait pas un traitre mot. Mais ça, c’était avant qu’il ne souhaitât les échanger contre quelque chose d’autre. Cette histoire s’est terminée par un simple avertissement, et que la prochaine fois qu’elle reviendra, ce sera pour venir chercher sa tête.
Une fois la mission accomplie et une partie de l’argent restitué, Eilynn s’était renseignée sur ce que pouvait valoir ce métal. Et pour la quantité qu’elle possédait, il y avait un joli chiffre. D’après ce qu’elle savait, il s’agissait d’un minerai très rare autre fois trouvable à Flevance et difficile de s’en procurer de façon légale. Le marché noir n’était pas un souci. Eilynn avait ses propres sources, et elle comptait bien les exploiter.
Arrivée devant la boutique en question, Eilynn fit mine de chercher une pâtisserie particulière avant de se plaindre de ne pas trouver son bonheur d’un air ennuyé. Un soupir, et celle-ci s’était retrouvée à l’arrière de la boutique. Le vendeur, qu’elle connaissait depuis un petit moment déjà, la salua à bras ouvert. Visiblement, il n’était pas seul. Un client semblait déjà vouloir faire ses achats auprès de son futur acheteur.
« Anne-Lise ! Content d’voir que t’es toujours en un seul morceau ! Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Fit le marchand d’un air des plus enjoué, avec un brin de nervosité dans la voix.
En effet, le marchand avait passé quelques accords avec la mercenaire. Il ne connaissait rien d’elle, hormis le fait qu’elle ne prénommait ‘Anne-Lise’, qui évidemment n’était pas sa réelle identité. Après tout, si elle tombe à cause de lui, Eilynn le fera tomber avec elle. La mercenaire détailla l’homme blond qui se trouvait devant elle de haut en bas. Qui pouvait-il être ? Un simple client ? Un acheteur de premiers choix ? Un espion qui essaierait de démanteler un réseau ? Curieux.
« Je veux une estimation exacte pour le contenu. » Disait-elle, dépassant l’homme qui était devant elle pour poser la petite malle sur le plan de travail. « Et pas d’arnaque. » Elle l’avertit avant d’ouvrir et montrer le contenu de la mallette, révélant ainsi un set complet de couvert de table, le métal réfléchissant les teintes particulières du minerai. Eilynn ne put s’empêcher de regarder non seulement la réaction de l’acheteur, mais également du client à moins de deux mètres d’elle, prête à refermer la malle à tout moment.
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Re: Marché noir & Dame blanche / passé / groupe ft. Eilynn
Il a de la chance, le Albertt. Il était à quelques bouchées de louper l'affaire du siècle. Du siècle ? Il était à ça de louper l'affaire du jour. Elle ouvre sa valise et dévoile les couverts vif-argent. Un œil amateur aura peut-être besoin de plus d'investigation, mais celui d'Albertt a passé les derniers mois à étudier ce métal d'un blanc caractéristique. Il est transporté dans une mallette vaguement rembourrée, rien de bien dangereux donc. À moins de s'en servir comme oreiller, peu de chance de contracter le saturnisme.
Le contrebandier en présence semble avoir deviné la nature de ce métal blanc de Saturne. Par contre, qu'est ce qu'il fait, là - il regarde Albertt - faut-il détourner les yeux ou soutenir le regard ? S'il a besoin d'une expertise c'est non. Déjà qu'il n'a pas envie d'interagir avec des inconnus, Albertt crains surtout de faire augmenter le prix en affichant trop clairement son intérêt. Il lui reste un petit bout de sa pâtisserie, alors il se concentre dessus.
"Jeune homme ? Viens donc regarder ce qu'elle nous a ramené. Je crois que ça va t'intéresser !"
Quel enfer. Maintenant il faut interagir avec ces deux-là, un contrebandier avéré et une potentielle criminelle potentielle. Le jeune officier de Marine soupire en se rappelant que le métier n'est pas affiché sur son front. Puis bon, les leurs non plus ! Cette demoiselle pourrait bien être une sorte de bourgeoise qui fait trainer les fonds de sa famille dans le marché noir. Elle est jolie. C'est bête à dire, mais ça aide un peu à briser la glace.
"Du blanc de Saturne. Si c'était un métal coloré il n'y aurait pas ces reflets chromés. Mh… je peux sentir l'odeur d'ici, c'est du blanc de Saturne."
L'odeur est légère mais présente. Le même goût de métal qu'on a dans la bouche avec certaines vieilles cuillères. Le genre de choses que les adultes ne remarquaient même pas. C'est une forme de chance, d'être capable d'ignorer cette foule de sensations superflus qui remplissent les narines et recouvre la peau d'Albertt chaque jour qui passe. Mais ces gens se fichent pas mal de savoir ce qu'est une hypersensibilité. Le monsieur hoche la tête en souriant avec insistance, qu'est ce qu'il veut ; il veut un prix ?
"C'est des jolis couverts, je suppose. Mais leur finition n'a pas d'importance. Ils seront fondus. C'est le poids qui compte. Il y a combien, deux kilos ? Ça doit se compter en millions de Berry."
Un million de Berry c'est une somme ! Alors certes il y a des gens dans ce monde qui en valent soixante, des millions. Mais ce n'est pas du tout un prix qu'Albertt a envie de payer ! Il essaie de se reprendre.
"Des milliers. Enfin des centaines de milliers, donc presque un million..."
Est ce que ça se voit, qu'il est paniqué ? C'est toujours si difficile de savoir quoi faire en société. Enfin, ceci étant passé, Albertt reprend tant bien que mal son air neutre et désabusé.
"... de berry."
les berry sont calqués sur le cours du yen
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Re: Marché noir & Dame blanche / passé / groupe ft. Eilynn
- Mar 27 Déc - 0:45
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Malheureusement pour elle, Eilynn n’y connaissait pas grand-chose en termes de métaux. Elle aurait pu rentrer avec la mallette et repartir vers son repère pour informer Taka de sa découverte. Il aurait sûrement été plus connaisseur qu’elle. Hélas, la maudite n’avait aucune envie de se trimballer une petite malle qui pouvait contenir une richesse cachée, ou alors de simple morceau de fer sans aucune valeur. Mais au vu de la réaction de sa cible, elle ne s’attend pas à ce que ce soit une sorte d’aluminium de bas niveau, à moins que ce ne soit un trésor de famille.
Toujours en silence, elle détailla leur réaction à chacun. Autant celle du marchand que celle du nouveau client. Une personne qu’elle n’avait jamais vu auparavant dans cette boutique. La curiosité lui piqua et une question lui vint à l’esprit. Qui était-il ? Par réflexe, elle mit la main au niveau des couverts comme pour fixer une barrière. Elle pourrait utiliser les capacités de son fruit, mais le but n’était pas de faire peur les personnes présentes, et c’est une technique des moins efficaces pour passer inaperçue.
Elle écoutait le blond s’exprimer, mais encore une fois… Elle n’y connaissait rien. Eilynn croisait les bras, attendant une réponse viable. Une odeur ? La maudite ne fit pas attention à ce détail. La seule chose qui l’intéressait, c’était le prix. Et quand celui-ci fut attention, elle se mit à réfléchir. Étrangement, elle esquissa un tout petit sourire.
« Presque un million donc… Vous semblez vous y connaître sur le sujet. » Fit-elle, venant lever sa main vers son menton pour le soutenir à l’aide de son pouce et de son indexe. Un dernier regard puis elle reprit de plus belle. « Ça fait un sacré paquet de sous pour du blanc de Saturne. À la base, j’étais simplement venue ici pour une estimation. Mais vu qu’apparemment, vous semblez être intéressés par ce petit lot de métal… » Elle marque de nouveau une pause pour cette fois-ci poser son regard sur le blond aux yeux bleus.
Évidemment, elle pourrait fixer son prix dès le début. Mais Ei’ était curieuse de connaître le budget maximal de ce potentiel acheteur. Elle ne dira jamais l’origine de ses couverts, au risque de révéler la véritable nature de son travail ainsi que son identité. Ici, elle était ‘Anne-Lise’, fille héritière d’une grande famille bourgeoise qui revend les petits trésors de sa famille au marché noir pour se venger de ses parents pour l’avoir déshérité. Le genre de drame familial que l’on peut retrouver un peu partout.
« Alors ? Souhaitez-vous l’acheter ? Ou alors je remballe ces précieux couverts et je trouve un autre acheteur potentiel ? »
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Re: Marché noir & Dame blanche / passé / groupe ft. Eilynn
Qu'est-ce que c'est que ça, une négociation ? Quel enfer. Quel intérêt d'aller trouver un receleur un peu carré pour se retrouver à négocier de particulier à particulier. C'est un coup à payer trop cher. La madame ne sera jamais assez bête pour vendre le lot en dessous du prix, mais Albertt, lui, serait bien capable de payer le double s'il ne fait pas attention. Quoique, quel est le juste prix ? Lui qui ment si mal, il aurait du mal à plaider pour autre chose que sa sincère estimation ; mais il doute. Voilà quelques secondes qu'il fixe le coin des lèvres de Anne-Lise. N'est -ce pas trop long ? Combien d'instants doivent s'écouler entre deux répliques d'une discussion normale ? Un de moins que ce qu'il a mis.
"Je …"
Bravo. Maintenant que la phrase est commencée, il faut la terminer. Il fallait dire oui, maintenant il faut le dire avec une phrase qui commence en -je.
"Je pourrais les acheter."
Neutre, efficace. Albertt s'est laissé surprendre, et il n'aime pas la surprise. Il est temps d'asseoir un peu sa présence, quitte à révéler trop d'informations. C'est une question de prestance.
"Oui, je veux bien vous en débarrasser. Ce genre de métal, on n'en trouve plus à tous les coins de rues. Le prix au kilo n'a plus beaucoup de sens, c'est surtout une question d'opportunités. Je suppose qu'il y en a pour six-cent mille Berry, alors je vous en propose huit-cents, … pour l'opportunité."
Six cents ? Huit cents ? Albertt ne sait même pas s'il y a une deuxième rangée de couverts sous la mousse de protection noire. De toute façon, ça n'a pas grande importance. L'important c'est de donner l'impression de proposer une affaire.
"Allons, allons jeune homme! Tu crois pouvoir court-circuiter le vend des tartes ? Je met un million de Berry sur la table, pour cette jolie valise et pour le sourire de Anne-Lise."
Cette fois c'est officiel, c'est une négociation.
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