"When you were here before Couldn't look you in the eye You're just like an angel Your skin makes me cry You float like a feather In a beautiful world I wish I was special You're so very special
But I'm a creep I'm a weirdo What the hell am I doing here? I don't belong here"
Il est dit du naturel qu'il revient au galop vers celui qui le fuit. C'est pourquoi l'homme a inventé le moteur à vapeur, et s'efforce de créer de l'avance. Plutôt que d'amour et d'eau fraîche, la petite bourgeoisie et le haut prolétariat s'enivrent ensemble d'alcool et de faux-semblants. Réunis sur un grand bateau restaurant pour fendre les océans comme la zipette fend une fermeture éclair. On rit, on crie, on s'enorgueillit de cette culture qui sépare l'homme de l'animal. Une jungle sociale luxuriante, aux lumières tamisées de rose et de bleu ; confrontation entre les feux de la scène et l'océan à la fenêtre. La musique est gâchée par le brouhaha, l'air marin est souillé par la sueur, la nourriture est donnée aux cochons. On vient pour se vanter d'avoir goûté la cuisine du Chef Zep, capitaine étoilé de cette embarcation. Le voilà qui se présente en personne à la table des officiers, pour présenter une bouteille de son crû.
"Je vous propose un Rouge de Micqueot, Château Barmador, année 896. Je m'excuse auprès des demoiselles, ce n'est pas l'année 69."
Ce genre de blague fait mouche chez ceux qui ont déjà un ou deux verres dans le nez. Le grand ingénieur en tête de table invite le cuisinier à prendre une place. Qu'il fasse comme chez lui, après tout, c'est lui le Chef ; c'est même son prénom. Chef Zep commence à avoir les mains baladeuses. Certes sa voisine de table devrait être flattée, mais elle choisit de ne pas l'être et demande à échanger sa place. La chaise la plus en sécurité est celle du petit ingénieur en bout de table, Albertt qui n'ose pas refuser l'échange. Le voilà qui se retrouve au front, coincé entre Chef et son chef de projet. Sous le feu des postillons. Vétéran de guerre. La vie est une pièce de théâtre dont tout le monde semble connaître le texte, à l'exception de lui. Son erreur aura peut être été de ne pas mettre le doigt dans l'engrenage au moment de l'apéritif, et à ce stade il est trop tard pour boire. Il est donc temps de tirer sa révérence.
Albertt descend de sa chaise et s'avance à petits pas vers la scène et le bar. Le son est trop fort, mais l'ambiance est plus saine par ici. Le temps ne presse pas. Le jeune et blond se retrouve à traîner les yeux sur les cocktails. Lequel serait le moins fort ? Il faut juste expliquer au barman que, oui, Albertt est un adulte. Alors non, il n'a pas de documents sur lui pour le prouver, mais il peut changer d'apparence avec ses pouvoirs magiques. C'était une erreur de penser qu'il pourrait passer une bonne soirée en étant lui-même. Sous les traits d'un trentenaire barbu, il peut maintenant prendre sa commande. Qu'est ce qu'il y a de peu alcoolisé ?
"Je vous conseille celui-ci. Je vais prendre le même."
Les gens qui ont mangé un fruits du démon sont rares, donc source d'intérêt pour autrui. Ainsi la malédiction d'Albertt aura attiré l'attention de la chanteuse aux boucles d'or. Le jeune homme est très loin d'avoir oublié sa voix - il avait même réfléchi à un moyen de l'aborder sans y croire vraiment. La musique est Divine sur ce bateau ; c'est également le nom de cette jeune personne. Elle montre aussi un intérêt sincère envers les deux noms de philosophes qu'il cite, et au projet que l'ingénieur se prend à raconter. Elle répond avec des anecdotes de sociologie ; en enroulant ses boucles d'or entre ses doigts. Ainsi la deuxième partie de soirée fut la première discussion qu'Albertt a eu depuis longtemps. C'est comme s'il connaissait le texte qui s'adressait à cette dame, comme s'il et elle jouaient dans la même pièce que lui.
Le cocktail était léger, mais fit son effet. Lui qui ne boit jamais, il a laissé filer les heures sans les compter.
Le lendemain matin, on a retrouvé le corps sans vie de Divine dans sa chambre. L'on a également retrouvé Albertt dans le lit de la chanteuse, encore épuisé de la veille.
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Caeliaah Itamae
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Re: Du rouge et du noir // Caeliaah
- Ven 13 Jan - 13:55
Année X942 - West Blue
S’il y avait bien une chose que Caeliaah évitait, c’était les soirées mondaines. L’alcool y coulait à flots, désinhibant les humains déjà si peu prompts à l’apprécier en temps normal. Les regards noirs et insultes se changeaient alors en lancers d’objets ou tentatives de coups et blessures. Sans parler du risque accru d’y croiser un dragon céleste ou un esclavagiste. Elle côtoyait déjà peu de monde au quotidien et ne s’y risquait encore moins lorsque tant de personnes étaient rassemblées. Non, ce n’était pas le genre d’endroit qu’elle fréquentait.
Pourtant ce jour-là, elle s'agrippa à la coque du bateau à l’aide de ses tentacules, puis se hissa à l’intérieur lorsque la nuit fut tombée - et les fêtards assoupis. Camouflée dans les ombres, frôlant les murs, la silhouette se dirigea vers les soutes. Là, elle se saisit doucement des clés du garde endormi, du bout de la tentacule. Puis, toujours aussi silencieusement, elle progressa vers les grilles derrière lesquelles se reposaient les esclaves. Et ouvrit la porte pour les libérer.
- “Il y a un canot dans lequel j’ai déposé quelques vivres et gilets de sauvetage. Sortez, dépêchez-vous et ne faites pas de bruit.”
Sous leurs remerciements, elle les regarda sortir devant elle, vérifiant que personne n’était oublié ou repéré. Puis elle les précéda, et les guida jusqu’à l’embarcation qui serait leur salut. Les quelques personnes apeurées et presque libres faisaient le moins de bruit possible. Lorsqu’ils furent tous à l’intérieur du canot descendu, Caeliaah leur tendit les rames et poussa de toutes ses forces pour les envoyer au loin. Il lui suffisait maintenant de les rejoindre et les amener à l’île la plus proche afin qu’ils soient en sécurité.
Alors qu’elle allait s’élancer, des éclats de voix retentirent. Une dispute à cette heure si tardive ? Ou matinale, selon le point de vue. La femme-poulpe se ventousa à la coque du navire et jeta un coup d’oeil par le hublot. Elle vit trois personnes dans la pièce. Il s’agissait d’une chambre, quelqu’un dormait dans le lit, tandis qu’une femme peu vêtue tenait encore la porte à un homme de haute stature. Ils semblaient se disputer. L’homme pointait du doigt celui qui dormait, et haussait le ton. Cela ne lui disait rien qui vaille. La suite lui donna raison, car l’homme passa les mains autour du cou de la femme qui chercha de quoi le frapper - sans succès.
Horrifiée, la pacifique tenta de dévisser le hublot. Pour s'apercevoir que celui-ci était sécurisé et qu’il était impossible de l'ouvrir de l’extérieur. Il s’agissait d’une suite huppée, et la sécurité allait malheureusement avec. Le temps que Caeliaah essaie d’ouvrir l’unique fenêtre de la pièce, il était déjà trop tard. Elle ne put que voir l’homme relâcher la femme inanimée, et la poser doucement au sol. Il pleurait, mais cela n’enlevait rien à son geste. Pire encore : il sourit en jetant un regard à celui endormi et sécha bien trop vite ses larmes. Il reprit rapidement contenance et quitta la pièce... En laissant entendre un déclic. Pour revenir plusieurs heures plus tard, accompagné de quelques personnes et “découvrir” la scène de crime en même temps qu’eux. Tout en pointant du doigt l’homme innocent qui s’éveillait du lit de la pauvre victime, réveillé par les coups répétés à la porte et les éclats de voix. Soupirant, la femme-poulpe délaissa les esclaves partis depuis longtemps et décida de rester encore un peu, camouflée derrière le hublot. Juste pour voir si elle pouvait aider. Dans le cas contraire, elle le laisserait se débrouiller. Après tout, il était des leurs...
