La mer était bien calme aujourd’hui. Les mouettes s’amusaient entre elles tandis que d’autres planaient au-dessus du rivage. Lorsque les pas d’Eilynn avaient ralentis pour s’arrêter un peu, la femme de glace s’était tournée vers l’horizon. Combien de temps n’avait-elle pas mis les pieds sur cette île ? Trop longtemps pour donner une date précise. Et pourtant, peu de souvenirs étaient rattachés à cet endroit. De toute manière, une partie des souvenirs qu’elle possédait n’étaient jamais vraiment heureux. Ces dernières années ont eu la particularité de forger le mental de Ei’, rendant sa carapace plus rigide et plus solide. L’avantage d’être chez les Chimères, c’est qu’elle pouvait faire ce qu’elle souhaitait et aller où bon lui semblait.
Évidemment, elle savait que la mercenaire ne pouvait pas se balader librement à cause de sa réputation ainsi que de sa prime. C’est pourquoi elle ne se balade pas avec sa tenue habituelle et porte un style plus discret. Même si elle estimait sa force, Eilynn n’était pas d’humeur à vouloir se battre contre qui que ce soit. Après tout, ce n’était pas pour cette raison qu’elle s’était pointée sur Goat Island.
Il se trouvait qu’elle venait en repérage, non seulement pour apprécier le paysage, mais également les potentielles futures têtes à faire tomber. Qui sait ? Peut-être qu’un contrat qu’elle avait accepté allait faire surface ? Les probabilités étaient minces, mais pas impossible. Ou alors allait-elle revoir des visages qui lui sont familiers ?
Maintenant qu’elle y réfléchissait, il est possible qu’elle eût capturé un ou deux truands qui provenaient de cette île. Des pirates évidemment, de toute manière, cette île en était infestée. Oh elle n’avait rien contre eux, après tout, ils ne cherchaient que gloire et argent, comme n’importe qui dans ce bas monde. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il n’y a que très peu de rencontres pirates qui ont su la marquer dans sa mémoire. Dont un en particulier, qui s’était retrouvé mêlé au milieu d’une histoire de chasse à la sorcière contre une belle petite somme d’argent. Lorsqu’elle y réfléchissait, c’était amusant de se dire que ces deux-là n’ont pas fini par s’entretuer. Rares étaient les fois où Ei’ laissait partir quelqu’un alors que celui-ci avait une prime sur sa tête.
Question de bonne foi sans doute…
À la suite de ce petit air de nostalgie, la femme pris une longue inspiration. Baisser sa garde aussi longtemps dans un lieu qu’elle connaissait moyennement bien pour s’avérer être très dangereux. Elle reprit sa route et passa quelques petits campements qui n’avaient pas d’importance avant de se retrouver vers une sorte de marché construit à l’arrache avec les matériaux du bord. C’était donc ici que les rookies venaient acheter leurs ressources avant de partir à l’aventure et découvrir les mers. C’était… Intéressant ?
Par curiosité, Eilynn s’était avancée vers les stands, se mettant dans la peau d’une pirate. Dans un coin de l’œil, elle remarqua une silhouette qui sortait du lot. Comme si celle-ci lui était familière. Elle n’avait pas son arme avec elle, mais la surprise n’était pas une peur. Au contraire, c’était ce qui pouvait rendre les choses bien plus intéressantes. Ainsi, elle passa les différents stands avec une démarche féline pour pouvoir poursuivre discrètement l’ombre qui l’avait interpelée. Et pourtant, quelques mètres plus loin, la mercenaire l’avait perdu de vue.
Où a-t-elle pu filer ?
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Ivane Rullev
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Fantôme du passé, bonjour
- Lun 19 Déc - 4:07
Tout commence par une sensation désagréable dans le creux du dos. Un frisson ? Une brise légère, certainement. Vous remettez correctement votre costume, rassemblez et réorganisez votre tenue et poursuivez votre route, sans perdre votre rythme. Mais la sensation est toujours là, nullement changée. Avez-vous oublié quelque chose ? Vous pensez à ce qui vous attend, ressentez rapidement le stress et le trac face à l'épreuve que vous vous êtes imposé en cette belle journée et vous arrangez de cette réponse commode. Cette gêne doit provenir de là... Vous tournez dans les différents étals de la place, pour vous retrouvez face à l'évidence. Non, cela ne vient pas de là. C'est différent. Alors vous plongez dans votre mémoire, remontez le cours de la journée pour trouver l'origine de ce malaise, de cet oubli potentiel... La démangeaison a grimpé, se logeant dans votre cou, vous passez une main dedans et votre œil aperçoit un mouvement dans votre vision périphérique. Vous vous stoppez et scrutez cette foule, vous détachant alors d'elle et devenant une anomalie, celle que l'on repère facilement, celle pour laquelle il est plus difficile d'ignorer l'existence. Vos yeux ne font que s'arrêter sur d'autres individus ordinaires, ce que vous étiez il y a quelques instants seulement. Puis vous vous détournez, trouvez des excuses... Scellez votre destin.
Cette scène se déroule aujourd'hui même. Les acteurs ont changé cependant, et je ne suis pas dans mon meilleur rôle. Je vous parle de filature, celle qui se termine mal, lorsque l'innocente victime donne le mauvais signal, le plus insultant de tous : que son prédateur n'est pas assez bon pour faire durer plus longtemps ce jeu de dupes, que la proie n'est pas assez douée pour ne pas exposer son dos. Comment être certains que c'est bien cette pièce à laquelle vous êtes venu assister ? C'est bien simple, il n'est pas possible de le savoir : je préfère cependant jouer et me tromper, plutôt que de participer à une tragédie.
Les acteurs ont changé, en effet, et je dois endosser le rôle de gibier. Mais je n'ai jamais eu une très bonne relation avec le devoir, ni même avec les lignes de dialogues strictes et restrictives : rien ne vaut un peu d'improvisation. Une bousculade, quelques paniers renversés et un flot d'insultes sont ma transition alors que je saute hors de vue, me faufile à travers quelques stands pour passer dans une rue parallèle, puis perpendiculaire, puis directement derrière ma précédente position. Une ruse rustique, pas bien finaude ni élaborée, mais il faut bien tester le public. Je m'y fonds mal dans ce dernier, dépassant facilement l'ensemble de la foule assez disparate, peu fréquentable, qui parcourt ce marché. Cela est avantageux pour trouver mon chasseur. Rien de visible à première vue, mais pourtant, il ressort : justement par sa discrétion. Il n'est pas dissimulé au sein de la foule, il en est l'anomalie, avançant rapidement à pas feutré, l'œil levé pour repérer ma silhouette. J'esquisse un sourire.
Combien de personnes nous marquent sans que nous recevons un battement de cils de leurs parts ? Question plus hardie, combien de personnes nous croisent sans que nous ne remarquions seulement leurs présences ? Pour mon cas, beaucoup : il semblerait que j'aie la fâcheuse tendance d'oublier nos différents au fil des heures. Mais dans le cas contraire... Je ne me fie pas aux noms, ni aux visages : ils ont la fâcheuse tendance de changer avec le temps. La démarche, quant à elle... peut aussi être modifié, mais qui en prends la peine ? Ceux qui ont décidé de rompre avec leur passé, peu importe la raison, et je respecte cela ! Mais cette silhouette, elle me ramène à chaque pas une année en arrière. Il faut dire qu'il est rare les rencontres ou je n'ai rien pris à qui que ce soit. Une somme d'argent amplement mérité et honnêtement partagée en deux, sans coup fourré. L'histoire en elle-même regorgeait de trahisons, davantage de mon côté, il me semble, mais il n'est pas encore l'heure à la nostalgie.
Je m'avance donc en avant, tapant Anne contre le bois de quelques stands, à grandes enjambées, scindant les passants en deux à mon approche, annonçant donc ma présence aux fines oreilles de ce fantôme du passé. C'est que je ne voudrais pas la prendre par surprise : non pas que j'en suis capable, j'en doute fortement, mais parce que je n'aimerais pas déclencher une réaction disproportionnée de sa part. Je marque un temps d'arrêt, repositionne mon costume, observe mes chaussures, inspecte mon ombre absente, puis je m'avance dans son dos. M'appuyant sur Anne de la droite, je positionne ma main gauche sur son épaule, un simple contact physique mais pourtant ô combien dangereux devant la prêtresse hivernale. Je ne l'ignore pas, je ne la sous-estime pas, ni même ne fait confiance aux souvenirs amicaux d'un passé lointain. À mon habitude. Je joue.
"Mademoiselle Vandherer. Dois-je comprendre que vous avez finalement décidé de me donner raison ? Avez-vous regretté cette prime que vous avez abandonnée... Ou êtes-vous simplement satisfaite de sa fructification?"
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Re: Old memories |Ft Ivane Rullev (Présent - Groupe)
- Mar 20 Déc - 18:46
Ivane Rullev
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Eilynn ne souhaitait pas rester immobile, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix. C’était soit se déplacer et tourner en rond, car l’ombre en question avait disparue de son champ de vision, soit elle devait jouer la prudence et analyser la situation. Pourquoi cette silhouette lui semblait étrangement familière ? Même si elle n’a pu l’observer que rapidement du coin de l’œil, c’était comme si elle l’avait déjà croisé quelque part. La maudite leva doucement sa main pour se tenir le menton avec un petit air de réflexion, cherchant dans sa mémoire un possible souvenir en lien avec ce petit évènement inhabituel.
Ce n’était qu’en mettant le doigt sur un indice qu’Eilynn senti une présence s’approcher d’elle. Elle l’entendait, son instinct lui indiquait qu’il s’agissait peut-être de la personne en question qui se cachait d’elle, quelque part dans les ombres de ce petit marché pirate. La mercenaire tourna lentement la tête, dans le but de voir qui s’approchait comme un prédateur ayant repéré sa proie. Était-ce quelqu’un qui voulait sa tête ? Un autre chasseur de primes ? Un ancien ennemi venu venger un allié qu’elle aurait assassiné ou volé ? La vie d’Ei’ était devenue bien sombre au fur et à mesure qu’elle avançait. Il suffisait d’un seul pas dans cet univers pour se faire complètement engloutir.
En sentant un contact physique sur son épaule gauche, elle leva instinctivement la tête vers la main qui s’était posée, ses yeux longeant ainsi le bras de l’inconnu qui avait réussi à lui donner un léger et petit frisson le long de sa colonne vertébral. Elle aurait pu penser qu’il s’agissait de la fraîcheur de l’île ou autre excuse du genre avant de se rappeler que cela faisait des années qu’elle ne craignait plus le froid. Ce n’est que lorsqu’une voix retentit dans ses oreilles que ses prunelles s’étaient redressées encore plus haut pour apercevoir un visage connu.
« Monsieur Rullev. Quelle surprise de vous voir ici. » Fit-elle en premier lieu, ce qui lui laissait le temps d’assimiler cette rencontre fortuite. « Si j’étais venue ici pour votre tête, votre main ne serait même plus sur mon épaule. Je suis une personne de parole, et je vous ai laissé tranquille pendant combien de temps… Trois ? Non, quatre ans ? Comme le temps peut passer si vite. » Elle marqua une courte pause pour lui laisser le temps de retirer sa main doucement avant qu’elle ne le fasse elle-même. « Je suis une femme de parole, et je tiens toujours mes engagements. Je constate également que vous n’avez pas essayé de me poignarder dans le dos ou de me menacer, j’en conclus donc que vous ne semblez pas avoir de rancœur particulière suite à notre dernière rencontre. » Disait-elle calmement, croisant cette fois-ci ses bras pour lui laisser le temps de répondre tranquillement.
Ivane Rullev. Un pirate qui a du vécu, et qui est également impliqué dans une histoire avec Eilynn il y a de cela quelques années. La Chimer était venue dans le but de saisir une prime, il s’est avéré que le pirate s’est retrouvé mêlé à cette histoire. Elle s’en rappellera longtemps de cette histoire, car c’était la première fois qu’elle fit une exception pour quelqu’un. À l’inverse, elle se serait contentée de faire une seconde chasse aux pièces. Mais à la place… Ils finirent par trouver un terrain d’entente, divisant la somme en deux, suite la petite trahison du pirate. Elle qui pensait que les pirates avaient un peu plus de dignité et solidarité entre eux que les mercenaires, finalement… L’un ne valait pas mieux que l'autre.
« Que me vaut cette apparition si soudaine, avez-vous trouvé un nouveau terrain de jeux ? Vous venez pour les pseudos bonnes affaires de cette île ? » Elle questionna, toujours son éternel petit air sérieux sur la figure, abordant une voix assez douce et sans agressivité.
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Re: Old memories |Ft Ivane Rullev (Présent - Groupe)
- Dim 25 Déc - 1:44
Je ne me permets pas de presser cet épaule d’une prise ferme : j’ai déjà suffisamment abusé de sa patience et je ne suis pas d’humeur à la provoquer inutilement en ignorant une demande aussi simple. Je retire donc ma main pour venir la dissimuler dans les plis de mon manteau, cherchant pendant quelques longues secondes, pour ressortir un paquet de clopes écrasés et une boite d’allumettes. Je plante alors ma canne dans le sol.
« Tu peux me la tenir, je te prie ? »
Avant que Miss Vandherer ne puisse esquisser un geste d’aide, surgit de mon ombre une main bien physique, qui supporte Anne. J’exprime un sourire froid alors que je porte à mes lèvres une clope parcheminée.
« J’ose espérer que vous n’avez pas pensé que j’aurais l’indélicatesse de vous tutoyer, ma chère ? Ce serait aussi audacieux que vous insinuant que le simple contrebandier que je suis puisse profiter d’une prime largement exagérée. »
Une allusion au mot près à … l’exagération initiale de notre première rencontre, qui m’a notamment permis de ne pas finir dans sa liste de cible… Au moins, dans l’immédiat. Une timide flamme s’échappe enfin de cette allumette, tordue par les efforts infructueux, pour venir embrasser ma cigarette tordue. J’ai toujours le besoin d’allumer un feu face à cette froide présence. Je tire une bouffée d’une fumée âcre et odorante sur cette pensée.
« Une femme d’honneur. C’est en tout cas ce que vous vous revendiquez. Pourtant, cela ne fait pas de vous quelqu’un d’honnête : imaginez ma surprise quand j’ai appris des années plus tard votre appartenance à votre… bien étrange petit groupe. »
Je l’observe du coin de l’œil, alors que mon ombre reprends rapidement une pose plus naturelle, remplaçant son contact par celui de ma paume sur le pommeau d’Anne.
« J’ai été agréablement surpris : j’adore quand on me donne raison ainsi. Vous êtes véritablement une femme d’exception. Quant à vos questions… Suis je si peu original ? Oui, je recherche la perle rare parmi cet ensemble des jeunes gens remplis d’espoirs et d’ambitions. Et pourtant, c’est nous-mêmes qui attirons notre attention, pourtant aussi éloigné que cela se peut de cette mentalité immature et puérile. »
Je désigne de ma canne l’un des rares établissements de ce marché qui n’est pas exclusivement composé d’un étal, lui préférant la pierre et la discrétion d’un bâtiment judicieusement placée.
« Aurais-je l’honneur de vous inviter autour d’une tasse de thé ? Je suis certain que nous trouverons de nombreux sujets de discussion. »
J’accompagne ma demande d’une légère révérence, de quoi approcher ma tête à la hauteur de la sienne, pour rendre davantage visible le clin d’œil moqueur que je lui adresse, entouré dans la brume épaisse de ma fumée.
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Re: Old memories |Ft Ivane Rullev (Présent - Groupe)
